Affichage environnemental : point d’étape

Résumé des épisodes précédents : l’affichage environnemental, c’est cette idée de donner une note environnementale à des produits (alimentaire, vêtements, électroménager…) et de la rendre visible des consommateurs en la faisant figurer par exemple sur l’étiquette. Un peu comme le nutri-score, mais qui indiquerait l’impact sur la planète plutôt que sur votre santé. Après de longues années de discussions (le Grenelle de l’environnement, vous vous rappelez ? 2009…) et de nombreux projets pilotes, une période d’affichage environnemental sur la base du volontariat des entreprises, la loi Climat et Résilience a finalement tranché.

Pour le secteur textile, l’affichage environnemental aura bien vocation à devenir obligatoire, après une ultime phase d’expérimentation par les marques (calculs de notes sur un échantillon de leur produits et éventuellement discussions avec leurs clients) en 2021-2022.

En Mode Climat a activement participé aux études coordonnées par l’Ademe et le Ministère de la transition écologique, en soumettant sa propre expérimentation sur le calcul d’un indicateur de durabilité extrinsèque pour les vêtements. 

Que s’est-il donc passé depuis le début de l’année 2023 sur ce chantier ? 

Au premier trimestre, un groupe de travail animé par le Ministère de la transition écologique a poursuivi l’analyse de l’ensemble des expérimentations menées jusqu’à fin 2022

Une consultation a été menée par l’Ademe sur la forme du futur affichage : doit-il se traduire par un classement sur une échelle de A à G ou plutôt par un score chiffré ? Faut-il associer des sous-scores pour détailler les performances de chaque produit par rapport à des enjeux spécifiques (climat, biodiversité, …) ? Dans ce cadre, En Mode Climat a par exemple défendu l’idée qu’un indicateur d’impact en valeur absolue soit retenu, éventuellement complété par un classement. Il nous semble en effet essentiel que le consommateur puisse se rendre compte que tout vêtement, même le mieux éco-conçu, a un impact environnemental. 

En mars, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Bérangère Couillard, a annoncé qu’à la suite des expérimentations menées, 8 critères d’impact environnemental seraient approfondis. Parmi eux, “l’impact de la fast fashion au travers des incitations à racheter ou des incitations à réparer les vêtements”. Soit, précisément ce que En Mode Climat s’est employé à démontrer et à expérimenter au travers de l’indicateur de durabilité extrinsèque. Un très bon signal donc, qui reste cependant à confirmer dans les prochains mois. 

Prochaine étape : la méthode de calcul officielle

Les phases d’expérimentation, d’analyse, de sélection des critères pertinents doivent aboutir à la conception d’une méthode de calcul. L’Ademe et le Ministère doivent la présenter pour la rentrée prochaine (3e trimestre 2023).

Tout se joue dans cette ultime étape : au-delà des questions techniques (la définition intelligente d’une telle méthode est loin d’être un exercice facile), ce sont des arbitrages politiques qui détermineront si l’affichage environnemental pénalisera ou non la fast fashion et l’ultra fast fashion. 

Edit : cet article a été modifié le 25 septembre 2023 pour refléter un changement de vocabulaire : nous privilégions désormais l’usage du qualificatif “extrinsèque” (plutôt que “émotionnelle”) pour qualifier la durabilité liée à des facteurs extérieurs au vêtement en lui-même.


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