Pour une REP qui s’attaque au modèle de la Fast Fashion

Depuis un an, la filière dite “TLC” (pour Textiles, Linge et Chaussures, et il s’agit ici des produits usagés) connaît une crise économique et environnementale. Les médias ont relayé ces derniers mois les nombreux cas de cessation d’activité ou de saturation de la collecte et du stockage.

Un problème de diagnostic

Face à cette situation, une partie des acteurs du secteur, et notamment l’éco-organisme Refashion, pointent du doigt des défaillances du côté des acteurs du réemploi pour expliquer les difficultés dans lesquelles s'enlise la filière. Et demandent de reprendre la main au travers d’un basculement vers un modèle de filière REP “opérationnelle” - par opposition au modèle de soutien financier forfaitaire qui prévalait jusqu’à maintenant.

Le ministère de la transition écologique quant à lui souhaite avant tout remettre en question l’export des textiles usagés. Il a lancé une “refonte” du cahier des charges de la REP, c’est à dire le cadre de fonctionnement et les objectifs que doivent suivre l’éco-organisme Refashion.

Pour En Mode Climat, le diagnostic est mal posé : si la crise se manifeste par une saturation des exutoires et des conséquences sociales et environnementales catastrophiques, son origine structurelle se trouve dans le modèle de la fast fashion.

En résumé : trop de vêtements sont mis sur le marché, qui n'ont plus aucune valeur, ce qui se traduit à la fois par une augmentation des déchets produits et des pollutions qui en découlent, et un effondrement du modèle économique traditionnel du réemploi - c’est à dire du marché de la seconde main.

Actionner les leviers “amont” de la REP

Nous appelons les pouvoirs publics, dans le cadre de cette refonte de la REP, à prendre en compte ce problème de surproduction pour sortir enfin de l’impasse dans laquelle se trouve la filière.

Nous avons pour cela produit une contribution à la concertation, qui comporte trois demandes principales :

  1. Agir en amont pour stabiliser puis réduire le nombre de vêtement produits, au travers des barèmes d’écocontributions et des objectifs fixés par le cahier des charges :

  2. Prendre acte du conflit d’intérêt dans lequel se trouve l’éco-organisme Refashion, qui appartient aux metteurs sur le marché, et notamment à plusieurs leaders du marché en termes de volumes. Sa gouvernance n’est pas compatible avec des missions qui doivent se traduire par une diminution des mises en marché : définition du dispositif d’écomodulations, pilotage du réemploi notamment.

  3.  Appliquer le principe pollueur-payeur au sein même de la filière : Des pénalités pour la fast fashion, des primes pour les marques qui mettent des vêtements ayant de la valeur sur le marché de la seconde main : en somme, rendre le système de contribution plus juste et plus incitatif pour les metteurs sur le marché

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